Depuis 2015-2016, l'Europe fait face à un afflux massif de demandes d'asile, générant des défis persistants dans l'accueil et l'intégration des réfugiés. Dans le cadre du projet FIRE+, Derya Göçer, Özgehan Şenyuva (Middle East Technical University, Turquie) et Albrecht Sonntag (ESSCA EU*Asia Institute, France) ont mené une enquête visant à évaluer l'impact des initiatives des clubs de football sur l'intégration de cette population cible.

L'essence du football et de l'inclusion sociale

Les clubs de football se sont révélés être des acteurs clés de la société civile, répondant avec motivation et persévérance au défi d'offrir aux réfugiés un premier contact avec leur nouvelle société d'accueil en dehors des structures administratives.

Il est largement admis que le football a le pouvoir unique de "rassembler les gens au-delà des différences culturelles et [de] renforcer la cohésion sociale". Des organisations de la société civile comme Sport et Citoyenneté ou le réseau FARE insistent régulièrement sur le potentiel que constitue le football, à travers sa simplicité et sa popularité universelle, à être un outil puissant pour l'inclusion sociale, émotionnelle et culturelle.

Les enseignements de l'enquête FIRE+

L'enquête FIRE+ visait à aller au-delà des croyances intuitives, des bonnes pratiques et des témoignages anecdotiques, en offrant aux décideurs une analyse éclairante et rigoureuse de la perception des clubs de football sur l'impact de leurs propres activités bénévoles.

Recommandations résultantes de l’enquête

Les recommandations de cette enquête portent sur trois aspects : le staff, le financement et la question du genre.

Le staff

Pour que le football amateur continue de jouer un rôle impactant dans l'intégration des réfugiés en Europe, il est clair que compter uniquement sur la bonne volonté et l’engagement des bénévoles et des soutiens financiers ponctuels à l’échelle locale ou en provenance des fédérations n'est pas suffisant. Le financement joue un rôle clé pour permettre aux clubs de football de déployer pleinement leur potentiel en tant que centres d'intégration sociale.

Les résultats de l'enquête montrent que le financement idéal est celui qui soutient des projets successifs sur plusieurs années, avec un personnel semi-permanent. Cela permet au personnel de développer ses compétences, de travailler avec différents groupes de manière durable et de transférer son expérience aux nouvelles vagues de réfugiés.

Priorités de financement

Les financements de projets provenant des autorités locales, des fédérations de football ou de donateurs privés devraient prioritairement cibler :

  • L’équipement : Des maillots de club complets, y compris des chaussures de football, pour garantir que les nouveaux arrivants ne se sentent pas différents pendant les séances d'entraînement. C'est un premier pas symbolique souvent sous-estimé vers l'intégration et l'égalité.
  • Le maintien des activités d'entraînement : La régularité est cruciale pour l'intégration sociale. Le financement devrait permettre aux clubs de maintenir leurs offres pour les réfugiés sans demander des frais supplémentaires à leurs fidèles membres locaux déjà cotisants.
  • Les échanges entre les jeunes : Le financement devrait permettre aux clubs d'organiser des échanges de jeunes footballeurs au niveau régional, national, voire international, sans avoir à supporter l'ensemble des coûts de déplacement. Ces expériences sont inestimables pour le sentiment d'appartenance et l'inclusion des mineurs non accompagnés, une cible significative et particulièrement vulnérable.

Genre

Les résultats de l'enquête suggèrent fortement que les femmes et les filles devraient pouvoir jouer au football indépendamment de leurs croyances religieuses et des codes vestimentaires qui leur sont imposés. En d’autres termes, les foulards ne devraient pas être un problème. Un message d'acceptation et d’égalité adressé à la fois aux communautés locales et aux communautés de réfugiés génère un impact positif sur les deux.

En résumé, l'enquête FIRE+ avance des recommandations cruciales pour maximiser l'impact des initiatives de football amateur sur l'intégration des réfugiés. Bien sûr, le football ne saurait garantir une intégration sans accroc. Mais il constitue, à une large échelle, une contribution incomparable et enrichissante au processus d'inclusion sociale. Un club de football n'est pas seulement un lieu de pratique sportive, c'est un endroit où commence le difficile processus d'intégration dans une nouvelle société. Fondée sur l’humanisme de l’engagement social bénévole, la contribution du football amateur à ce défi colossal mérite le soutien de toutes les parties prenantes.

 

L’enquête intégrale, en langue anglaise, est disponible en téléchargement sur le site du projet : footballwithrefugees.eu

Cliquez ici pour télécharger l'enquête

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