Logo CGE (1)The latest issue of Grand Angle, the monthly publication of the Conférence des Grandes Ecoles is dedicated to the place of the Social Sciences and Humanities (SSH) in French business and engineering schools.

In an interview, Albrecht Sonntag explains why ESSCA went beyond the usual parcimonious scattering of SSH input in the curriculum and decided to underpin this part of its educational project by the creation of a research institute of its own.

Grand Angle is distributed to 24 000 subscribers in schools, companies, ministries, embassies and media in France and abroad.

 

De la profondeur, plutôt que du saupoudrage

Grand Angle

En tant qu’école recrutant après le baccalauréat, l’ESSCA Ecole de Management (Angers/Paris), estime que les connaissances et les compétences transmises par les Sciences Humaines et Sociales (SHS) sont une composante essentielle du projet pédagogique de l’école. Dans cette perspective, l’ESSCA a décidé de ne pas se contenter de faire appel à des enseignants externes, mais de fonder ses enseignements en SHS sur une activité de recherche soutenue au sein même du corps professoral permanent et de se doter d’un laboratoire de recherche original et innovant.

Albrecht Sonntag est directeur du nouveau «EU-Asia Institute» – eu-asia.essca.fr

Quelles ont été les motivations de l’école derrière la création de cet institut ?
Albrecht Sonntag : Dès 2006, l’ESSCA a pris l’initiative de se doter d’un Centre d’expertise et de recherche en « European Studies ». Il s’agissait de donner une identité propre à une équipe d’enseignants-chercheurs venant de la sociologie, des sciences politiques ou de l’histoire et qui avait été à l’origine d’un certain nombre de modules et de programmes à forte tonalité européenne, dispensés sur les différents site du groupe ESSCA. L’expérience s’est avérée très concluante, avec une production significative de publications et des financements obtenus à la clé. Et étant donné notre implantation à Shanghai et l’intérêt grandissant pour les thématiques liées aux relations entre l’Europe et l’Asie, l’évolution vers un institut qui affiche l’Union européenne et l’Asie dans son nom n’a été que logique.

Un institut plutôt positionné dans les sciences politiques est-il crédible dans une école de management ?
Albrecht Sonntag : C’est justement les résultats de recherche qui lui donnent toute sa crédibilité. Grâce à des contrats importants – comme une Chaire Jean Monnet axée sur les relations Europe-Chine, ou la coordination d’un projet transnational sur les dynamiques identitaires européennes à travers le prisme du football, soutenu à hauteur de 2,4 millions d’Euros par le 7ème programme cadre européen de la recherche – l’institut a acquis une très bonne notoriété dans la communauté académique internationale dans son domaine. Visibilité renforcée par les ouvrages régulièrement publiés dans des maisons d’éditions de renom international comme Routledge ou Palgrave Macmillan, ainsi que par l’organisation d’événements.
L’ESSCA a ainsi été la première institution française à accueillir la conférence annuelle de l’UACES, la plus importante association académique des études européennes. Des partenaires prestigieux font appel à notre expertise : récemment, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a sollicité l’institut pour contribuer à la préparation de son 40ème anniversaire en 2015, tandis que l’UNESCO vient de lui commanditer un rapport sur des questions liées au racisme et aux discriminations.

Quel sont les liens entre ces activités de recherche et l’enseignement ?
Les enseignants-chercheurs membres de l’institut sont répartis sur les quatre sites de l’ESSCA, à Angers, Paris, Budapest et Shanghai. Ils contribuent à la création de modules qui confrontent les étudiants aux différentes manières d’appréhender les processus non seulement économiques, mais aussi politiques, culturels, et sociaux qui imprègnent un environnement global en mutation. Dès la première année, par exemple, nos étudiants suivent un cours de « globalisation studies » qui leur permet à la fois de mieux évaluer la place de l’Europe dans le monde et de se familiariser avec les approches de ces problématiques menées par la recherche internationale en SHS.
D’autres modules sont dispensés en troisième année ou de manière ponctuelle à d’autres moments de leur scolarité, toujours en anglais. Les sites à Budapest et Shanghai proposent différents programmes où la compréhension du monde contemporain à l’aide des sciences humaines et sociales est également un objectif pédagogique prioritaire.

Les travaux de votre « EU-Asia Institute » sont-ils valorisés par l’environnement ?
Si nous pouvons être très satisfaits de la notoriété acquise dans la communauté académique de notre domaine, la reconnaissance de nos travaux au sein de l’enseignement supérieur du management français ne va pas de soi. Certes, le besoin de développer la recherche interdisciplinaire est mis en avant dans tous les discours, mais dans la pratique, ni les instances d’accréditation ni les classements des revues académiques qui font autorité ne valorisent réellement une telle initiative d’ouverture. C’est paradoxal : on demande aux écoles de management de former des têtes bien faites, des diplômés à l’esprit ouvert et capables d’évoluer dans un monde globalisé et de plus en plus complexe. Mais quand une école va au-delà du saupoudrage et engage des travaux en profondeur dans les sciences humaines et sociales, conformes à son « ADN » internationale et humaniste, on lui répond que cela ne relève pas de l’économie et de la gestion. Pour ma part, j’estime que l’ESSCA a raison d’aller au bout de ses convictions dans son projet pédagogique et son identité institutionnelle.

Grand Angle, No. 57, December 2014

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