Étudier l'intégration européenne à travers le prisme de la politique spatiale

L'exploration spatiale a un potentiel de rayonnement, de sensibilisation des citoyens européens, c'est-à-dire des électeurs. L'exploration spatiale pourrait refléter le dynamisme créatif du processus d'intégration européenne.  Elle a prouvé sa capacité à rapprocher les États européens - la création de l'Agence spatiale européenne (ESA) en est le meilleur exemple - même si l'exploration spatiale est difficile et coûteuse. Mais l'analyse coûts-avantages doit être effectuée dans une perspective à long terme.

L'argument de Jean Monnet est toujours d'actualité : le modèle supranational de gouvernance s'applique mieux dans les domaines où les avancées technologiques ouvrent de nouveaux champs d'activité, à condition de ne pas toucher aux sensibilités nationales, comme par exemple dans les domaines de la recherche nucléaire ou de la sécurité militaire. Un programme spatial à la pointe du développement technologique correspond manifestement à cette description.

Dans le passé, une politique spatiale européenne n'a jamais figuré en bonne place dans l'agenda d'un État membre individuel ou, en fait, dans l'agenda de l'"Europe" elle-même, ce qui élimine la seule réserve des "sensibilités nationales". Néanmoins, l'Agence spatiale européenne reste confinée à la périphérie de la structure européenne, en termes institutionnels, étant fermement située en dehors des structures institutionnelles de l'UE. En tant que telle, l'ESA reste une institution intergouvernementale, ce qui signifie que, souvent, le plus petit dénominateur commun acceptable pour tous les pays est le maximum qui puisse être atteint. De plus, géographiquement, le siège de l'ESA est situé à Paris, quelque peu éloigné du principal centre de décision européen à Bruxelles. On peut dire que l'ESA n'a jamais été au cœur du processus d'intégration européenne.

Cela pourrait changer à l'avenir. La combinaison d'une "faible politique" et d'une "nouveauté" suggère qu'une politique spatiale européenne est idéalement placée pour devenir un élément important d'un futur objectif de politique extérieure de l'UE, à savoir l'ouverture, telle que décrite dans l'introduction, sous la forme concrète de l'exploration.

Perspectives de la recherche sur la politique spatiale

Après avoir fait valoir qu'il existe des arguments valables en faveur d'une politique spatiale dans un contexte européen, on peut s'interroger sur le type de défi auquel l'UE est confrontée en matière d'exploration spatiale.

Ces considérations permettront d'avoir une idée de ce qui nous attend et de savoir quelles recherches supplémentaires pourraient fournir des informations précieuses pour une politique spatiale européenne à l'avenir. Cela conduit également à des futures questions de recherche: quels sont les défis politiques et pratiques (financiers, scientifiques et organisationnels) qui subsistent ?  Et quelle direction l'étude de la politique spatiale européenne devrait-elle désormais prendre ?

Les recherches futures devront examiner si des principes directeurs adéquats pour l'exploration spatiale sont en place ou doivent être développés afin de garantir l'utilisation responsable des résultats d'une politique spatiale européenne, par exemple en évitant que l'exploration ne se transforme en exploitation. Les études européennes, en tant que discipline au carrefour des sciences sociales, du droit et de l'histoire, sont idéalement placées pour fournir un cadre à de telles études et, en même temps, pour développer une base théorique pour une politique spatiale européenne, en vue des questions existentielles clés du processus d'intégration européenne, c'est-à-dire : Que représente l'Europe ? Que fait-elle pour moi ? Et où devrait-elle aller ?

Ce projet de recherche s'inspire de l'expression "hardiment aller où personne n'est allé avant". Emprunté à Star Trek, pour sa représentation d'un élan idéaliste, ce titre était un choix délibéré, car le processus d'intégration européenne aura besoin d'un tel élan idéaliste pour répondre aux questions fondamentales sur sa raison d'être.

Coordinateur de projet

Thomas-Hoerber-ESSCA-Angers-European-integration-history-law-EU-Asia-Institute
Thomas Hoerber, ESSCA Angers & EU*Asia Institute

Les partenaires

L'EU-Asia Institute de l'ESSCA School of Management est très reconnaissant envers plusieurs institutions qui ont soutenu à plusieurs reprises le développement du groupe permanent de recherche sur la politique spatiale, ainsi que l'organisation d'événements, et ont ainsi permis des publications universitaires de haut niveau.