Auguet KABWIT
Secrétaire Général Académique à EcoPo-Lubumbashi Founder and Chairman/ Family Business Conference

L’observation faite sur les entreprises familiales africaines et congolaises en particulier révèle quelques difficultés génériques à toutes les entreprises familiales du monde (transmission difficile, difficulté de gouvernance, porosité des frontières entre la famille et l’entreprise…) et spécifiques à celles africaines et congolaises en particulier (croissance difficile, compétitivité absente, pérennité inférieure ou égale à l’espérance de vie du fondateur…).

 

L’observation ci-dessus révèle trois défis majeurs pour les PME et les PMI familiales africaines et RD congolaises . Il s’agit des défis d’éclosion et de croissance, de compétitivité et de pérennité.

  1. Les défis de croissance. Ils sont liés à l’absence d’une intelligence stratégique dans l’élaboration et le développement des Business Plans. Il est observé que l’élaboration des plans d’affaires des PME et PMI familiales est essentiellement orientée vers les objectifs de rentabilité sans prévoir le devenir (axes stratégiques de développement) de l’entreprise familiale au-delà des chiffres.
  2. Les défis de compétitivité. Ils sont en lien étroit avec les premiers. Il s’agit des difficultés structurelles que la PME ou la PMI familiale rencontre et qui constituent un obstacle à l’élargissement de sa zone d’actions et de ses parts de marché. Ces difficultés l’empêchent à résister dans un environnement compétitif et concurrentiel. La PME ou la PMI adopte une démarche de survie au détriment d’une démarche développementaliste.
  3. Les défis de pérennité. Ces défis auxquels les PME et PMI familiales sont confrontées se lisent à travers la durée de vie de ces dernières. L’existence de ces PME et PMI familiales est réduite soit à une durée de vie n’excédant pas huit ans, ou pour celles qui se distinguent, elle est réduite à l’espérance de vie du fondateur/entrepreneur.

Sur la plan africain et congolais, l’entreprise familiale est confrontée à plusieurs autres besoins ; ceux présents et futurs. Notamment, son rôle dans la reconstruction et le développement, dans un contexte marqué par la croissance démographique. Ceci pose l’impératif d’un apprentissage organisationnel pour une transmission réussie, mais également pour la création d’une valeur ajoutée inclusive et partagée par toutes les parties prenantes.

Impératif parce que, selon les projections démographiques, l’Afrique devrait compter à l’horizon 2050, le double de sa population actuelle (1.289.490.422 habitants) soit 1/4 de la population mondiale, le RD Congo quant à lui devrait être, à l’horizon 2030, l’une des puissances démographiques en Afrique et dans le monde. La population congolaise passera à plus ou moins 120 millions à cette date, dont environ 50.000.000 habiteront dans les grandes villes. Ce qui va sans doute augmenter le taux de transmission ou accentuer la nécessité de transmission des entreprises familiales aux générations futures majoritairement jeunes avec des populations en âge adulte.

Les statistiques des recherches menées au sein de la Family Business Conference (2021) corroborent les arguments ci-dessus.

 

Tranche d'âge des managers d'entreprises familiales en Afrique et RD Congo

Il est montré que dans les entreprises familiales RD Congolaises, 45 % des Family Business Managers ont 60 ans et plus, dans un environnement où l’espérance moyenne de vie est de 54.7 ans. Ce qui invite à penser sérieusement l’avenir de ces entreprises familiales.

Il sied également de signaler que les femmes Family Busines Managers représentent seulement 28%, contre 72 % attribués aux hommes.

Genre des managers d'entreprises familiales en Afrique et RD Congo
Secteurs d'activités des entreprises familiales RD Congolaises

Les secteurs d’activités prépondérants des entreprises familiales RD Congolaises sont le commerce avec 21%, l’éducation avec 16 %, le secteur agro-industriel avec 16%, la santé avec 11%.

L’intérêt de la recherche sur les entreprises familiales et de l’accompagnement des entreprises familiales s’exprime également par les statistiques complémentaires ci-dessous :

  • 22 % des Family Business Managers ont un niveau d’étude de Baccalauréat,
  • 43 % ont un niveau d’étude de Bac+3,
  • 25 %  des Family Business Managers ont un niveau d’étude de Bac+5 et plus, et
  • 10% détiennent des brevets de formation technique et professionnelle.

Ce tableau peint, montre l’intérêt scientifique et managérial d’investir dans la recherche et l’accompagnement des entreprises familiales africaines et RD congolaises, en contextualisant les cas dans une approche d’interculturalité.  Comme cela, se ferait dans d’autres zones du monde.

Partager cet article:
Partager sur FacebookPartager sur LinkedInPartager sur TwitterEnvoyer à un(e) ami(e)Copier le lien