Cher José,

Les Espagnols ont un rendez-vous électoral ce dimanche dans le cadre des élections générales. Qu’en est-il ? Les cartes peuvent-elles redistribuées ? Quel parti peut tirer son épingle du jeu ?

Elections générales en Espagne : Nouvelle donne, nouvelles incertitudes


Dimanche prochain, l’Espagne vivra les 12ème élections générales depuis l’instauration de la Démocratie après la mort de Franco. Elles seront plus ouvertes que jamais. Les deux partis historiques, le Partido Popular (PP, centre-droit) et les Socialistes du PSOE (centre-gauche) sont menacés par deux nouvelles forces politiques : l’extrême gauche de Podemos (littéralement « nous pouvons ») et le parti centriste Ciudadanos (« les citoyens »). Historiquement, le PP et le PSOE réunissaient sur eux les trois quarts des votes, mais les sondages ne leur donnent plus que la moitié. Avec 27% des intentions de vote, le PP est en tête, tandis que les trois autres partis, tous autour des 20%, bataillent pour devenir la deuxième force politique du pays.

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Les candidats : tradition vs renouveau

L’un des effets secondaires de cette nouvelle concurrence est que les partis, surveillés de près par des think-tanks et des « chiens de garde » auto-proclamés, ont travaillé leurs programmes bien plus que d’habitude. Mais la vraie nouveauté de ces élections c’est l’exposition accrue des candidats dans les médias. Ils ne prennent plus seulement part aux débats politiques, mais s’exhibent dans des émissions de divertissement où ils font des choses telles que piloter des voitures de course, cuisiner ou encore jouer de la guitare. Ce qui les pousse à agir ainsi c’est la volonté d’apparaître comme des « Monsieur Tout-le-monde » et non comme des membres éminents de l’élite espagnole.

Malgré la nouvelle concurrence, la démographie joue toujours en faveur des partis traditionnels. Le Parti Populaire, en perte de vitesse, reste fort parmi l’électorat plus âgé dont on ne saurait sous-estimer le poids. Les nouveaux partis touchent les électeurs urbains et actif, mais ils ne parviennent pas – pour l’instant – à gagner la confiance des seniors et des ruraux.

L’incertitude est totale. Aucun des principaux concurrents n’obtiendra une majorité suffisante. Cela nécessitera d’élaborer des coalitions, un exercice inhabituel pour la démocratie espagnole. L’alliance la plus probable serait celle d’un gouvernement de centre/centre-droit, dans lequel le PP chercherait le soutien de Ciudadanos. Mais même cette option est bancale : Ciudadanos a attiré de nombreux électeurs du PP et ne peut guère prétendre à prendre la relève du parti ancien tout en le soutenant dans une coalition. Et une alliance avec le PSOE paraît quasi-impossible. Le scénario vers lequel on se dirige serait alors celui d’un gouvernement instable suivi d’élections anticipées dès 2017.

Qu’en penseront les électeurs ? Difficile à prédire. L’expérience des régionales de mai 2015 nous enseigne que Ciudadanos a souffert d’un important déclin juste après les élections, lorsque les gens ont réalisé que diviser le vote du centre-droit avait ouvert la porte à des coalitions de gauche dans six régions traditionnellement dirigées par le Parti Populaire. Tant que les nouveaux partis n’apparaissent pas comme de véritables alternatives, ils pourraient, lors de nouvelles élections, perdre le soutien récemment acquis. En vérité, personne ne sait ce qui va se passer : tout est ouvert, l’incertitude règne.

JOSÉ MOISÉS MARTIN


AAEAAQAAAAAAAAYYAAAAJDgxMGRjMWI4LTcyODAtNGIyMy05NjExLTMzNDYzODdlMGYxZQJosé Moisés Martín est économiste et consultant en politiques publiques, membre du groupe « Les économistes contre la crise » et chroniqueur régulier dans les médias espagnols.

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