Le premier TEDx ESSCA a réuni, le 10 janvier 2017, douze speakers venus d’horizons très divers autour du thème “La transmission dans tous ses états”. Parmi eux, une contribution de l’EU-Asia Institute : Albrecht Sonntag s’est penché sur la transmission, à travers les institutions politiques, notamment sur le plan européen, des leçons du passé.

Son talk d’environ quinze minutes, désormais disponible en ligne, tombe à pic : c’est en temps de crise aiguë que les citoyens ont tout intérêt à s’appuyer sur leurs institutions politiques. Ces mêmes institutions dont on a tendance à se plaindre, en temps normal, à cause de la lenteur de leurs procédures, de l’ennui qu’elles distillent, de l’inertie désespérante dont elles font preuve.

Il se trouve que ces caractéristiques parfois exaspérantes sont en fait un précieux cadeau légué par l’histoire. A un moment où la démocratie vacille sous les coups de boutoir de gouvernements certes élus, mais visiblement résolus à démanteler la séparation et l’équilibre des pouvoirs, la résilience des institutions est un rempart crucial contre le travail de sape d’un populisme simplificateur et décomplexé. Un rempart contre l’oubli aussi. Car ces institutions ont été dessinées et construites sur la base des leçons d’un passé douloureux, souvent suite à une rupture avec des anciens régimes de toute sorte.

C’est le cas, par exemple, des institutions européennes. Critiquées en permanence à travers l’ensemble des Etats-membres pour les nombreux travers qu’on leur attribue (parfois à juste titre), elles ont été inventées par une poignée d’entrepreneurs politiques bien conscients de la nécessité de transmettre les leçons de l’histoire au-delà de leur propre génération. Les hommes oublient, mais les institutions, comme le résuma Jean Monnet, « peuvent accumuler et transmettre la sagesse des générations successives ».

Les institutions politiques – qu’elles soient nationales ou européennes – sont mises à rude épreuve par les temps qui courent. Invariablement taxées de « déconnectées », d’ « élitistes », voire d’« arrogantes » par les démagogues de tous bords qui cherchent à les marginaliser jusque dans les plus vieilles démocraties du monde, elles sont à la fois très fragiles et étonnamment solides. Pourvu qu’elles continuent encore à résister, avec toute la lenteur, l’ennui et l’inertie qui sont en fait leurs forces principales.

 

https://www.youtube.com/watch?v=nzEx9_FhpMU

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