Fin mai et début juin, les échéances électorales se téléscopent: des scrutins régionaux à haute tension en Espagne et en Italie seront suivie des élections parlementaires en Turquie. L’EU-Asia Institute a invité des experts originaires des pays concernés à nous expliquer les enjeux propres à chaque pays.

Aujourd’hui: Antonella Forganni, chercheure associée à l’EU-Asia Institute de l’ESSCA,, sur les élections régionales en Italie qui se tiennent le 31 mai.


Regione Italia (wikmedia)

Les régions italiennes (source: wikimedia).

Dimanche 31 mai, sept régions sur les vingt qui composent la République italienne – les Pouilles, la Campagne, la Toscane, la Ligurie, le Vénétie, les Marches et l’Ombrie – éliront leurs conseils régionaux. En même temps, de nombreuses municipalités sont à renouveler à travers le pays.

En dépit du fédéralisme italien qui donne des compétences significatives aux régions, on peut y observer, comme dans d’autres pays européens, une tendance à transformer des scrutins régionaux en plébiscite ou camouflet du gouvernement national.

La question se pose alors si ces élections régionales ne seront pas le premier véritable test de popularité pour Matteo Renzi, à la tête du gouvernement depuis quinze mois.

Il faut rappeler que Renzi n’a pas été élu, mais a succédé à Enrico Letta (qui entame d’ailleurs désormais une carrière académique à la tête de l’Ecole d’affaires internationales de Sciences Po) suite à un « putsch » au sein du parti démocrate (PD). Même si l’Italie a l’habitude des gouvernements instables et éphémères – pas moins de 60 gouvernements depuis 1948 ! – le fait de ne pas avoir obtenu sa légitimité par les urnes représente un point faible dans l’ascension irrésistible de l’ancien maire de Florence.

Matteo Renzi (source: wikimedia)

Matteo Renzi (source: wikimedia)

Renzi ne doit son succès fulgurant qu’à sa personnalité, ce qui est une vraie révolution culturelle pour un parti de centre-gauche qui, contrairement à la droite, ne connaissait guère le « culte du chef ». Aujourd’hui, tout le monde est d’accord que l’avenir du « Partito Democratico » est directement lié au destin de son leader.

Ce dernier s’est avéré jusqu’ici être un stratège très habile. L’instabilité des rapports de force politiques l’a obligé à constituer une alliance de circonstance avec « Forza Italia », le parti de Berlusconi, vu que le « Mouvement 5 étoiles » du comique Beppe Grillo se refuse à toute collaboration avec les partis établis. Peu après ses débuts, Renzi s’est vu conforter par les résultats des élections européennes de mai 2014, ce qui lui a permis d’imposer son favori pour le poste du Président de la République, fonction sans réel pouvoir mais d’une grande valeur symbolique.

On verra lors des élections régionales si le soutien dont semble bénéficier Matteo Renzi dans une large part de la population sera suffisant pour endiguer la « Ligue du Nord », parti aux relents xénophobes, populistes et séparatistes. Comme certaines élections municipales récentes le suggèrent, ce dernier semble gagner du terrain, à l’instar de ses homologues dans d’autres pays européens.

La plus grande partie des réformes très audacieuses de Renzi sont toujours en cours de réalisation, ce qui rend délicate toute conclusion sur sa première année à la tête du gouvernement italien. Un succès lors des élections régionales du 31 mai lui faciliterait sans doute la tâche, en lui permettant notamment de museler les résistances au sein de son propre parti et de poursuivre son programme ambitieux qui doit sortir l’Italie de sa crise économique et institutionnelle.

 

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Antonella Forganni est juriste,
originaire de la région de Lombardie,
enseignante en études européennes
et chercheure associée à l’EU-Asia Institute de l’ESSCA.

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