Le 7 mai prochain, le Royaume-Uni tiendra ses élections générales. Dans une série de mails, Simon Usherwood, professeur en sciences politiques à l’Université du Surrey, nous en décortique les enjeux principaux.

Dear Simon,

Le Royaume-Uni est certes une puissance internationale, mais en même temps, n’a-t-il pas toujours un caractère très « insulaire » ? 

C’est une question très pertinente, car le Royaume-Uni est plus internationalisé qu’il ne l’a jamais été. Il se fait de lui-même une image de puissance mondiale, il possède des liens profonds avec l’Europe continentale, les Etats-Unis, son Commonwealth et au-delà, et il s’est toujours considéré comme faisant partie d’une communauté internationale.

keep calm so britishMalgré tout cela, il reste une certaine distance avec le reste du monde. Souvent, le sentiment d’avoir eu beaucoup de chance d’être né Britannique risque de glisser vers un complexe de supériorité.

En fait, notre standing international, c’est un peu comparable à « l’effet Wimbledon », selon lequel une institution britannique basée en Grande-Bretagne peut avoir un succès mondial sans pour autant les participants britanniques eux-mêmes y soient pour beaucoup ! Quelque chose en nous de très international, mais aussi de ‘so british’, dont personne d’autre n’arrivera à saisir toutes les subtilités et significations. Un peu comme le Tour de France, en somme !

S’y ajoute cette illusion, créée par la position de la langue anglaise comme lingua franca du monde entier, comme quoi la Grande-Bretagne serait par définition un pays d’importance mondiale : après tout, « tout le monde parle notre langue ! » – même si cela réduit considérablement notre volonté d’apprendre d’autres langues et de nous intéresser à d’autres cultures… Quand nous disons que nous avons une vision « mondiale », la plupart du temps nous nous référons surtout aux Etats-Unis.

Ce repli sur une perception idéalisée de soi-même est donc très lié à une mécompréhension de ce que « la mondialisation » veut dire. C’est là une grande différence par rapport aux Français : ces derniers n’arrêtent pas de dire qu’ils s’en méfient, mais y participent en fait considérablement, pendant que les Britanniques prétendent s’y sentir à l’aise, participent allègrement, mais sans n’y rien comprendre.

Télécharger ce post en format PDF.

Télécharger la V.O. anglaise de ce post.

Aller aux “Mails d’Europe” précédents.

Simon Usherwood est politologue,
il enseigne les études européennes à l’Université du Surrey.
Spécialiste des partis politiques britanniques,
il est l’auteur d’un blog remarqué sur l’euroscepticisme.

Share this post:
Share with FacebookShare with LinkedInShare with TwitterSend to a friendCopy to clipboard