Cher Simon, La campagne pour le référendum est lancée – comment va-t-elle concrètement se dérouler ?


La campagne est lancée. La façon dont la campagne va se dérouler est très consensuelle, car de manière très British, même si on n’organise pas beaucoup de référendums, on encadre ce type de processus par toute une batterie de réglementations. Maintenant que David Cameron a annoncé la date du vote au 23 juin, celle-ci doit être validée par le Parlement qui mandatera alors une Commission électorale chargée de superviser la campagne et le vote en lui-même. Ceci signifie que la Commission électorale aura environ six semaines pour choisir les groupes qui représenteront officiellement les deux camps du débat. Ces groupes pourront alors bénéficier de financements publics et de campagnes publicitaires télévisées.

La campagne formelle durera au moins dix semaines, période pendant laquelle le gouvernement sera supposé rester neutre, ce qui sera facilité par le fait que David Cameron n’a pas contraint son parti à soutenir la campagne pour le maintien dans l’Union. Comme la plupart des autres partis, les « Tories » (conservateurs) comptent de fervents défenseurs des deux positions adverses. Ainsi, le débat, qui sera vif au sein même des différents partis politiques, permet-il d’éviter que le référendum ne prenne la forme d’un sondage sur la popularité de David Cameron. Ce qui est considérablement différent du référendum français de 2005, où certains électeurs étaient tentés d’exprimer simplement leur rejet du gouvernement et du Président Chirac.

A la place, il y aura de larges coalitions d’hommes et de femmes politiques, des représentants du monde économique et de la société civile, issus de tous bords, qui tenteront de rallier l’opinion publique à leur cause. La question des débats télévisés est actuellement en discussion. Leur programmation doit encore être finalisée, même s’il est encore difficile de distinguer ceux qui pourraient devenir les « visages » des deux camps – l’éventail des thématiques en jeu et des différentes positions par rapport à la question posée est simplement trop large. La grande inconnue demeure l’importance que l’opinion publique prête réellement à ce référendum.

Depuis le débat sur le Traité constitutionnel (que les Français ont rejeté), l’UE n’a jamais été une question très haute importante pour l’électorat Royaume-Uni. On peut même dire que le sujet ne déchaîne pas les passions. Cependant, les gens s’inquiètent de problématiques telles que l’immigration, l’Etat social et l’emploi : nous pouvons très certainement nous attendre à ce que les Etats-majors des deux camps fassent tout leur possible pour connecter ces questions aux enjeux du vote. Ceci dopera peut-être la participation pour atteindre le niveau des 65% du référendum de 1975, mais c’est probablement le maximum que l’on puisse espérer.

A bientôt ! Simon.


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Simon Usherwood est professeur en sciences politiques à l’Université de Surrey.

Les BreXing News regroupent en un blog des analyses et des points de vue publiés durant la campagne référendaire au Royaume-Uni par l’EU-Asia Institute de l’ESSCA.

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